60 Millions de consommateurs – Hors série “Vaincre le mal de Dos” – Ecole du Dos
Le célèbre magazine 60 millions de consommateurs a sollicité notre expertise sur le mal de dos à l’occasion de son hors-série spécial “Vaincre le mal de dos” ses mois d’Avril / Mai 2022. Retrouver quelques extraits sur cette page et la version complète en cliquant sur le lien du site 60 Millions de consommateurs pour acheter le magazine.
Apprendre les bons gestes : BIENVENUE À L’ÉCOLE DU DOS
Le concept fait florès. Partout en France, des écoles du dos enseignent aux patients souffrant de lombalgie chronique les bons gestes pour prendre soin de leur dos, réduire la douleur et se remettre en mouvement. Objectif : devenir son premier thérapeute.
Jusqu’au début des années 2000, un repos forcé était imposé à quiconque souffrait d’un mal de dos. Comme si le fait de garder le lit permettait de réparer les tissus lésés… Aujourd’hui, les autorités de santé suggèrent tout le contraire. Pratiquer une activité physique régulière et adaptée à notre état de santé – même (et surtout !) quand on a mal au dos – permet à moyen terme de réduire les douleurs. En outre, une prise en charge pluridisciplinaire est recommandée dès que la lombalgie dépasse de quatre à six semaines. Pour nous y aider, un concept a le vent en poupe : les écoles du dos. Créées en 1969 dans un hôpital suédois, ces structures de soins ont séduit le monde entier grâce à leur approche : un mélange de cours théoriques, d’ateliers et d’exercices pour apprendre aux patients souffrant de douleurs dorsales à mieux connaître leur dos, les gestes et les postures adéquates, et à gérer leur douleur, au travers d’un programme mêlant de nombreuses disciplines.
L’OBJECTIF POUR TOUS : DIMINUER LES RÉCIDIVES
Ces écoles sont des structures pédagogiques dans lesquelles les patients bénéficient d’un enseignement collectif, assuré par une équipe constituée de médecins, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes, de psychologues, etc. Certaines écoles accordent davantage d’importance à l’éducation physique et aux conseils pratiques alors que d’autres ont une approche plus psychologique. Mais elles ont un objectif commun : modifier notre approche face au mal de dos, de manière à limiter les récidives. Ainsi, les séances doivent permettre à chacun de mieux « apprivoiser » le fonctionnement de sa colonne vertébrale. L’objectif est personnalisé. Certains patients cherchent à réduire leurs douleurs, à gagner en mobilité et en souplesse, à apprendre les bons réflexes lors des activités de la vie quotidienne. D’autres ont besoin de remuscler leur dos ou de mieux gérer leurs émotions pour éviter les contractures musculaires du dos liées au stress chronique.
UN PROGRAMME ADAPTÉ AUX LOMBALGIES CHRONIQUES
Derrière le terme « école du dos » se cachent des réalités variées. Certaines écoles font par- tie de services hospitaliers : dans ce cas, elles sont appelées « programmes de réadaptation (ou de réentraînement) à l’effort » ou encore « programme de restauration pluridisciplinaire ». D’autres se trouvent au sein de cabinets de kinésithérapeutes libéraux. D’autres encore sont accessibles dans le cadre de cures thermales ou de thalassothérapie. Les délais d’attente avant d’obtenir une place en école du dos varient de quelques semaines à plusieurs mois, selon les régions et le type de structure choisi. Pour bénéficier d’une prise en charge dans le cadre du programme de réadaptation à l’effort de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), les patients attendent en général un mois, rarement deux. Leur point commun ? Ils souffrent de lombalgies chroniques (douleur prolongée au-delà de trois mois) et s’embarquent pour un programme de quatre semaines en hospitalisation de jour. « Les patients qui nous sont adressés sont très limités par leurs douleurs. Ils ne travaillent plus, ne pratiquent plus d’activité physique. Et ce mal de dos a très souvent une répercussion sur leur moral (anxiété, dépression…), leur emploi ou au niveau social (isolement, chômage…) », décrit la Dre Violaine Foltz, rhumatologue, médecin responsable du programme de réentraînement à l’effort à la Pitié-Salpêtrière.
L’ATOUT ? UNE ÉQUIPE PLURIDISCIPLINAIRE
Étonnamment, l’objectif de ce programme n’est pas forcément de supprimer la douleur. Il s’agit plutôt d’apprendre à mieux la gérer, à reprendre une activité physique et professionnelle, à mieux appréhender les émotions par la reprise de la confiance en soi et en son dos. « Pour cela, nous bénéficions d’une équipe composée de médecins, de kinésithérapeutes, d’une psychologue, d’une ergothérapeute, d’une psychomotricienne, d’une assistante sociale, d’enseignants en activité physique adaptée (Eapa), d’une infirmière d’éducation thérapeutique et d’un professeur de yoga. L’intérêt d’une telle équipe est de pouvoir prendre en charge le patient dans son ensemble », souligne la Dre Foltz. La complémentarité entre les professionnels est essentielle à la réussite du programme. « Le stage propose des ateliers collectifs et individuels. Outre la prise en charge de la douleur par des techniques médicamenteuses ou non (chaleur, auto-étirements, auto-massages, relaxation…), les patients bénéficient d’un suivi psychologique. Ils se réapproprient leur dos via des exercices au sol ou avec des machines, des ateliers de découverte d’activités (lancé de ballon, boxe, marche nordique…). Ils sont aidés par une psychomotricienne qui leur apprend à comprendre et maîtriser leur corps par la respiration et la relaxation. L’ergothérapeute les aide à mieux appréhender les activités quotidiennes en adoptant les postures adéquates à chacun (derrière un écran, lors des courses…). »
LES BÉNÉFICES ADDITIONNELS DES COURS COLLECTIFS
Le stage de quatre semaines (du lundi au vendredi) se répète tous les mois et inclut à chaque fois cinq personnes au maximum. « Pour les patients ayant des maux de dos moins invalidants, ayant conduit à une diminution ou un arrêt des activités physiques, sans arrêt de travail, nous avons lancé un programme plus léger (tous les lundis pendant un mois). Le groupe a un effet très positif : une vraie solidarité s’instaure entre les patients, qui font souvent face aux mêmes problématiques », confie la Dre Foltz. D’une structure à l’autre, les programmes destinés à remettre le dos en mouvement peuvent varier. Mail14 Formation à Nantes, par exemple, forme les masseurs kinésithérapeutes et les médecins en France et à l’étranger à sa propre méthode de traitement et de prévention des maux de dos, leur permettant ensuite d’ouvrir leur propre école du dos, souvent sous forme de cabinet libéral. La prise en charge n’est alors plus pluridisciplinaire, mais ces professionnels de santé organisent néanmoins de la rééducation et des cours collectifs axés sur la prévention des problèmes de dos.
PARFOIS, UN DERNIER ESPOIR AVANT LA CHIRURGIE
« Notre concept “École du dos” s’articule autour d’un parcours de santé en six étapes, explique Romain Petit, directeur général de Mail14 Formation. Le patient réalise un bilan (antécédents médicaux, motivation, cadre psycho-social…) puis suit une rééducation (faire bouger le dos dans toutes ses dimensions) ; il bénéficie d’exercices pour progresser dans les amplitudes articulaires et éloigner la récidive, et de conseils de prévention. S’il progresse et que ses douleurs diminuent en intensité, le patient effectue les deux dernières étapes : des exercices permettant d’approfondir la connaissance de son corps et des stratégies pour choisir une activité physique quotidienne à faire sur le long terme. Notre objectif est de donner les clés de compréhension des problèmes liés à la colonne vertébrale et de fournir des méthodes d’auto-traitement efficaces. » Formé via cette méthode, Vincent Morizur exerce en tant que kinésithérapeute au centre de réadaptation La Villa Notre-Dame (Saint-Gilles-Croix-de- Vie, Vendée) : « Nos patients ont souvent un long parcours derrière eux : ils nous sont adressés en dernier recours par leur chirurgien ou leur médecin traitant, avant une chirurgie ou après une intervention du dos, explique-t-il. L’équipe est gérée par un praticien spécialisé en médecine physique et de réadaptation (MPR). Notre programme se déroule sur quatre semaines : il propose de la kinésithérapie, des ateliers d’ergothérapie, de la balnéothérapie, de l’activité physique avec l’objectif de remettre les patients en mouvement. Une prise en charge avec une diététicienne peut également être envisagée. »
LA PRÉVENTION, UNE PISTE À SUIVRE ET À ENCOURAGER
Il est aussi possible d’intégrer une école du dos au sein d’un centre thermal ou de thalassothérapie. La durée du stage varie alors entre une et trois semaines. Au centre de thalassothérapie Prévithal de Donville-les-Bains (Manche), la prise en charge allie ainsi renforcement musculaire, conseils et exercices pour économiser son dos. Kinésithérapeutes, hydrothérapeutes (et une diététicienne, si besoin) prennent en charge les patients qui souffrent de tous types de problèmes du dos. Comme l’indique Thierry Fischer, kinésithérapeute dans ce centre, « le programme ne dure qu’une semaine. Mais l’objectif est de rendre les personnes autonomes, de leur apprendre les bons gestes et exercices à continuer chez soi. Souvent, les patients consultent quand ils ont mal. C’est dommage car un apprentissage au sein d’une école du dos serait bénéfique pour tous, à titre préventif ». Une étude belge publiée en 2016 indique d’ailleurs qu’un programme de type école du dos améliore de façon significative, à court comme à long terme, la douleur, son impact sur la vie quotidienne, les états de dépression et d’anxiété ou la peur irrationnelle de faire certains mouvements. Des conclusions qui nécessitent d’être confirmées mais sont d’ores et déjà perçues comme un encouragement à se former. HÉLIA HAKIMI-PRÉVOT
BON A SAVOIR : COMMENT ACCÉDER À UNE ÉCOLE DU DOS ?
- Pour en bénéficier à l’hôpital, il faut être adressé par un médecin (rhumatologue, chirurgien orthopédique), souffrir de maux de dos chroniques (plus de trois mois), ou avoir subi une ou plusieurs interventions chirurgicales.
- Les écoles du dos libérales prennent en charge à la fois les personnes ayant des pathologies de la colonne vertébrale (sur prescription médicale) et celles qui souhaitent les prévenir. Dans ce cas, aucune ordonnance n’est nécessaire.
- À l’hôpital ou dans un cabinet libéral, les apprentissages peuvent s’étendre sur plusieurs Dans le cadre de cures thermales ou de thalassothérapie, ils durent une semaine.
Les cours collectifs, adaptés à tous les âges, font partie d’un parcours de santé en 6 étapes.
Les sangles inventées par Mail14 Formation sont utiles pour muscler toutes les zones du corps.
COMMENT CHOISIR UNE STRUCTURE ?
Lorsque l’on n’est pas adressé par un médecin, choisir une école du dos n’est pas facile : l’offre est pléthorique.
Bien que la méthode ait été inventée en Suède, le terme « École du dos » est une marque déposée, appartenant à l’institut Mail14 Formation (Nantes). Celui-ci propose des formations continues aux kinésithérapeutes et aux médecins, leur donnant la possibilité de pratiquer dans un cabinet ou d’exercer dans un établissement public ou privé, dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire. Pour vérifier qu’un professionnel de santé dont la structure s’intitule « École du dos » s’est bien formé à cette méthode, consulter l’annuaire du site ecoledudos.org.
DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE AVANT TOUT
Mais d’autres méthodes existent. Pour savoir si la structure propose un programme fiable, assurez-vous qu’elle met en œuvre les recommandations de la Haute Autorité de santé sur la prise en charge de la lombalgie : l’activité physique doit figurer comme traitement principal. Les personnes dont le mal de dos risque de devenir chronique doivent effectuer de la kinésithérapie en participant de façon active (exercices d’étirement, musculation…). En l’absence d’amélioration, le patient devrait rencontrer une équipe pluridisciplinaire dont un spécialiste du dos ou un médecin du travail. La prise en charge doit prendre en compte le vécu du patient et le retentissement de sa douleur : dimensions physique, psychologique et socio-professionnelle.
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°213 – avril/mai 2022
Quelques extraits :